X

L’histoire de la race

L'histoire de la race des arabofrisons

« Le manque d’endurance des frisons est alors mis au jour dans les dures épreuves de marathon »

En 1969, Son Altesse Royale, le Prince Philippe d’Edimbourg alors Président de la Fédération Equestre Internationale (1964-1986) émet le souhait de la création d’une nouvelle discipline : l’attelage de compétition, véritable concours complet en attelage. Le premier championnat du monde se déroule en 1972 à Münster en Allemagne et voit la victoire du suisse August Dubay. A cette époque plusieurs attelages de frisons s’étaient lancer dans la compétition, notamment ceux menés par Leo Kraaijenbrink et Tjeerd Veldstra, mais le manque d’endurance des frisons est alors mis au jour dans les dures épreuves de marathon, les privant de victoires, parfois à quelques hectomètres de la ligne d’arrivée. Si Leo Kraaijenbrink a poursuivi les compétions internationales avec ses frisons, Tjeerd Veldstra comme bien d’autres meneurs de frisons est passé aux chevaux de sang et devint alors champion du monde en 1982 pour récidiver en 1986. Ce choix de Tjeerd Veldstra a nui alors grandement à la réputation sportive des Frisons qui pourtant avaient dominé les courses de trot au XIXème siècle. Ces chevaux deviennent dans l’esprit de beaucoup de meneurs, des chevaux de loisir ou de spectacle.
Le Prince Philippe d’Edimbourg et son attelage de Frisons

L’amélioration de l’endurance des frisons par du sang arabe

C’est donc  dans ce contexte que certains éleveurs, comme Hilner (lignée Gharib) et Krudop (lignée Hamid), pensent qu’il faut améliorer l’endurance des frisons. Pour ces pionniers, un apport de gènes de pur sang arabe (PSAR) pourrait améliorer la physiologie cardio-respiratoire des frisons. Ces derniers ont en effet une petite cage thoracique. Hilner entreprend le premier cette aventure en menant une sélection impitoyable des chevaux; il retient un étalon PSAR, Gharib, pour la qualité de sa descendance, et deux juments frisonnes, Gelbrich et Diana Van Rusticana, pour leur volonté au travail, leur caractère calme et leur modèle.
  • Gharib est né en Egypte en 1965. Il est le fils de l’étalon Antair et de la jument Souhair par Sid Abouhom. Cet étalon a été offert par l’Egypte au Gouvernement allemand. Son carnet de saillies est alors rempli « à vie ». Sa descendance est aujourd’hui réputée sur tous les continents du globe dans diverses disciplines.
  • Diana van Rusticana est une jument « Ster » née en 1971, fille de l’étalon Ulrig 204 ; elle est également la petite fille de l’étalon Age 168.
  • Gelbrich, quant à elle, est une jument « Model » et « Preferent » née en 1961. Elle appartient à la lignée 43 (stam 43) à laquelle appartient également l’étalon Age 168. Elle est la mère du très fameux étalon Hearke 254 « Preferent », excellent cheval d’attelage (11 titres de champion).

Pour son projet, Hilner est dans l’obligation d’obtenir une dérogation du ministère de l’agriculture allemand pour réaliser la saillie des deux juments frisonnes.

Le premier étalon Yk Dark Danillo est né en 1997 et agréé en 2002

Gelbrich donne naissance, en 1978, à un poulain dénommé Ras qui n’a aucune descendance reconnue, à ce jour, par l’European Arabo-Friesian Studbook (EAFS, studbook officiel européen) mais il a un descendant, Gharib Liberator (ci-contre à gauche), inscrit comme « ERS arabo-frison » à l’EASP Stamboek.
Diana van Rusticana, quant à elle, a donné naissance à la pouliche Rachel en 1979, qui sera à l’origine du premier étalon arabo-frison reconnu, Yk Dark Danilo, né en 1997 et agréé en 2002. Quand la nouvelle de la naissance de Ras et Rachel se répand, des éleveurs puristes, arqueboutés sur le principe de pureté de la race frisonne, mettent le feu aux écuries du Pr Hilner qui se réfugie en Allemagne.
Yk Dark Danillo
Ce dernier allant de déboires en déboires choisit alors de céder ses deux arabo-frisons (Ras et Rachel) à une famille passionnée de frisons et de compétition d’attelage, les frères Cor et Jan Driessen. Ils vont alors poursuivre avec succès l’expérience débutée, aboutissant  à la naissance d’une dizaine de poulains arabo-frisons, dont Yk Dark Danilo 001 qui va s’illustrer avec Oxeida, Oxaras et Tic dans le Team arabo-frisons de Gert Schrijvers; en effet, en 2002, aux jeux équestres mondiaux de Jerez de la Frontera, cette team termine 15ème sur 40 attelages, juste devant Boyd Exell, et loin devant les belges Félix Brasseur (26ème) et Achille Snoeys (29ème).

À côté du Pr Hilner et des frères Driessen, Krudop entreprend la même aventure. Le PSAR gris Hamid et la jument frisonne (ster) Gerlofke donnent naissance à un poulain, Quibus E1, débutant ainsi la deuxième lignée d’arabo-frisons dont les premiers étalons agréés sont Maestro et Dark Romke, nés en 2001, quatre ans après Yk Dark Danilo.

Les arabofrisons constituent désormais une race reconnue

Aujourd’hui, l’EAFS encourage la création de nouvelles lignées d’étalons pour limiter les risques liés à la consanguinité d’une part, et pour donner une véritable identité sportive à cette race naissante. Les arabo-frisons constituent désormais une race reconnue par la Communauté Economique Européenne depuis 2006 et reconnue par la France par le biais de l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation depuis 2010. De nouvelles lignées sont en cours d’élaboration avec l’apport de sang de chevaux tels que l’Orloff russe, l’Hackney britanique, le Pure Race Espagnol ou le Lusitanien ibériques, ou encore le Kladruber tchèque.

Pour être « Etalon » du studbook, les entiers arabo-frisons ne doivent pas comporter plus de 12,5 % de ce sang d’autres races mais aussi avoir au moins 55 % de sang frison et entre 6 et 40 % de sang arabe.

Toutefois pour les situations intermédiaires, il a été prévu de créer un livre test ou « T-Book » où sont inscrits aujourd’hui Topspeed Aswan (50% PSAR, 50% frison) et Louigi (43,75% frison, 50% Orloff, et 6,25% Arabe).

Les excellents résultats sportifs actuellement observés à différents niveaux invitent à poursuivre cette aventure passionnante.

  • Au  niveau national, avec le belge Christian Provoost et son Maestro,
  • Au niveau international :
    1. avec Edouard Simonet, meneur du Team de Jelle’s Home comprenant Yk Maximus, Dark Dream, Topspeed Bauke et Topspeed Sanne, terminant 11ème sur 43 au jeux mondiaux équestres de Caen en 2014,
    2. avec le français Benjamin Aillaud (en relai de Sébastien Mourrier) et sa nouvelle team d’arabo-frisons de Eric Bouwman (5ème au CAIO 4* de Nebanice en Tchequoslovaquie),
Udo, notre étalon
Benjamin Aillaud et sa team d’arabofrisons (photo Christine Marquenet)